Ce dispositif révolutionnaire offre un nouvel espoir aux personnes touchées par la dégénérescence maculaire liée à l’âge sous sa forme atrophique. L’implant sous-rétinien PRIMA permet à plus de 80 % d’entre eux de retrouver une vision centrale fonctionnelle, ce qui leur permet de lire à nouveau des lettres, des chiffres et des mots.
Cette avancée majeure pourrait transformer le quotidien de millions de personnes dans le monde qui souffrent de cette pathologie considérée jusqu’ici comme incurable.
Cette maladie dévastatrice touche des millions de personnes
La DMLA est la principale cause de cécité irréversible chez les personnes âgées, touchant environ 5 millions de personnes dans le monde. Cette pathologie détruit progressivement la macula, cette zone centrale de la rétine qui permet une vision diurne précise. Les patients conservent leur vision périphérique, mais perdent l’essentiel : la capacité de lire, de reconnaître un visage ou d’accomplir les gestes du quotidien.
Jusqu’à présent, aucune thérapie ne permettait de restaurer la vision chez les patients atteints de la forme atrophique de cette maladie, qui représente près de 50 % des cas. Les traitements disponibles ne faisaient que ralentir la progression de la maladie, sans jamais permettre d’améliorer la vue.

Un système innovant qui remplace les photorécepteurs perdus
Le système PRIMA associe un implant photovoltaïque sous-rétinien et des lunettes spéciales qui projettent de la lumière infrarouge sur l’implant afin de restaurer la vision dans les zones d’atrophie rétinienne centrale. La micropuce, qui mesure 2 millimètres sur 2 millimètres, présente une épaisseur de seulement 30 microns, soit environ la moitié de la hauteur d’un photorécepteur.
Son fonctionnement repose sur une technologie élaborée. Une caméra miniature intégrée aux lunettes capte les images environnantes, qui sont ensuite transformées en rayons infrarouges et envoyées en temps réel sur l’implant rétinien. La puce convertit alors l’image en signal électrique que les neurones de la rétine transmettent au cerveau. L’utilisation de l’infrarouge présente un avantage majeur : cette longueur d’onde est invisible à l’œil humain et n’interfère donc pas avec la vision périphérique existante.
Des résultats cliniques prometteurs chez 38 patients
L’essai clinique européen PRIMAvera a inclus 38 participants dans cinq pays européens, dont l’âge moyen était de 78,9 ans. Les critères d’inclusion exigeaient une acuité visuelle d’au moins 1,2 logMAR et une atrophie fovéolaire d’un diamètre supérieur à 2,4 millimètres.
Parmi les 32 participants évalués à 12 mois, 26 ont obtenu une amélioration cliniquement significative de leur acuité visuelle, soit 81 % des cas analysés. L’amélioration moyenne était de 0,51 logMAR, ce qui correspond à 25,5 lettres lues en plus sur l’échelle d’acuité visuelle standardisée. L’amélioration maximale observée chez un patient s’élevait à 1,18 logMAR, soit 59 lettres.
Des témoignages qui illustrent l’impact sur la vie quotidienne
« Avant de recevoir les implants, j’avais l’impression d’avoir deux disques noirs dans les yeux, avec le bord tout gondolé. J’adorais lire et je voulais pouvoir recommencer », raconte Sheila Irvine, une Britannique ayant participé à l’étude, à The Guardian.
Cette avide lectrice, diagnostiquée il y a plus de 15 ans, fait partie des 84 % de participants qui, un an après la pose de l’implant sous-rétinien, étaient capables de lire des lettres, des chiffres, voire des mots chez eux.
L’opération, réalisée en 2022, s’est déroulée sans douleur selon son témoignage. « C’est une nouvelle façon de regarder à travers vos yeux, et c’était très excitant quand j’ai commencé à voir une lettre. Ce n’est pas simple d’apprendre à lire à nouveau, mais plus on y consacre d’heures, plus on progresse », explique-t-elle.
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Un dispositif avec des fonctionnalités d’amélioration numérique
Les participants peuvent ajuster dynamiquement les paramètres de zoom, allant de 1 à 12 fois le grossissement original, ainsi que la luminosité et le contraste lors de l’évaluation de l’acuité visuelle. Ces fonctionnalités d’amélioration numérique ont permis aux patients de lire des polices plus petites que la résolution théorique autorisée par les pixels de 100 micromètres de l’implant PRIMA.
Frank Holz, ophtalmologue à l’université de Bonn en Allemagne et investigateur principal de l’étude, souligne l’importance de ces résultats : « La vision a été restaurée alors que cette rétine morte était complètement aveugle. Les patients ont pu lire des lettres et des mots, et fonctionner dans leur vie quotidienne. »
Cette technologie offre une alternative aux dispositifs d’assistance visuelle traditionnels, tels que les loupes ou les télescopes implantables, qui ne permettent qu’un grossissement sans restaurer la vision centrale.
Des complications gérables et une sécurité acceptable
Sur le plan de la sécurité, 26 événements indésirables graves liés à la procédure ou au dispositif sont survenus chez 19 participants au cours des 12 mois suivant l’intervention chirurgicale. La plupart de ces événements, soit 81 %, se sont produits dans les deux mois suivant l’intervention et 95 % d’entre eux se sont résorbés dans les deux mois suivant leur apparition.
L’hypertension oculaire constituait l’événement indésirable grave le plus fréquent, avec six cas. Tous se sont résorbés spontanément. Trois participants ont présenté une hémorragie sous-rétinienne pendant l’implantation, qui s’est arrêtée spontanément ou après une augmentation de la pression d’infusion. Deux cas de néovascularisation choroïdienne ont été traités avec succès par des injections intravitréennes d’anti-VEGF.
Une vision restaurée préservant la périphérie
Les examens par tomographie en cohérence optique et par photographie du fond d’œil ont révélé que la structure rétinienne interne de la zone atrophique n’avait pas été altérée par le placement sous-rétinien de l’implant. L’acuité visuelle périphérique naturelle moyenne mesurée après l’implantation était équivalente à celle mesurée avant l’intervention.
Ce maintien de la vision périphérique naturelle distingue le système Prima des autres prothèses rétiniennes qui peuvent interférer avec la vision résiduelle. Les lentilles des lunettes Prima restent transparentes, permettant aux patients de bénéficier simultanément d’une vision naturelle et d’une vision prothétique centrale.
Une technologie sans fil qui simplifie l’implantation
À la différence des prothèses rétiniennes filaires qui nécessitent des ouvertures permanentes dans le globe oculaire, l’implant PRIMA photovoltaïque fonctionne sans fil et permet une technique d’implantation simplifiée. L’implant, extrêmement fin, s’intègre à la rétine sans nécessiter de matériel de fixation mécanique, comme les agrafes rétiniennes utilisées dans d’autres dispositifs.
Après examen de l’ensemble des données, le comité de surveillance des données et de la sécurité a conclu que les bénéfices du système PRIMA l’emportent sur les risques liés à l’implantation. Cette conclusion ouvre la voie à une utilisation plus large de cette technologie pour les patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge atrophique.
Des perspectives d’amélioration et de développement futur
Les résultats publiés en octobre 2025 dans le New England Journal of Medicine confirment les données d’une précédente étude de faisabilité menée sur cinq participants. Cette étude avait montré une anatomie rétinienne stable après l’implantation, ainsi qu’une amélioration moyenne de l’acuité visuelle de 0,64 logMAR, amélioration qui était toujours présente 48 mois après l’intervention.
La conception sans fil du dispositif permettrait de le remplacer par des implants de nouvelle génération offrant une résolution supérieure, ou d’implanter plusieurs dispositifs selon un motif en mosaïque dans la zone atrophique, le tout avec une incision minimale. Cette modularité représente un avantage considérable pour l’évolution future de la technologie et l’amélioration continue des performances visuelles.

