Consommation excessive de mélatonine ? Une nouvelle étude alerte sur des risques cardiaques inattendus

Une hormone réputée naturelle, mais peut-être pas sans danger. Une nouvelle étude américaine révèle que la consommation excessive de mélatonine, utilisée pour mieux dormir, pourrait augmenter le risque d’insuffisance cardiaque. Faut-il s’en méfier ?

7 min. de lecture
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© Photo : photographee.eu (Depositphotos)

Une étude américaine récemment présentée met en lumière les effets potentiellement graves d’une consommation excessive de mélatonine chez les personnes souffrant d’insomnie chronique. Les résultats suggèrent un risque pour le cœur plus élevé que prévu, ce qui remet en question l’innocuité de ces compléments alimentaires largement utilisés pour favoriser l’endormissement.

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En France comme ailleurs, la mélatonine est devenue une solution privilégiée pour lutter contre les troubles du sommeil. Cette hormone, naturellement produite par la glande pinéale située à l’arrière du cerveau, régule le cycle veille-sommeil et aide l’organisme à trouver le sommeil. Vendue sans ordonnance dans de nombreux pays, elle bénéficie d’une image rassurante et est souvent perçue comme une alternative naturelle aux somnifères traditionnels.

Pourtant, les étalages des pharmacies qui débordent de ces suppléments pourraient bien masquer une réalité moins rassurante. Alors que les troubles du sommeil touchent une part croissante de la population, une étude préliminaire présentée lors des sessions scientifiques 2025 de l’American Heart Association invite à la prudence.

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Des risques cardiaques accrus ?

Les chercheurs ont examiné les données de patients souffrant d’insomnie chronique, séparant ceux qui prenaient de la mélatonine depuis au moins un an de ceux qui n’en prenaient pas. Les résultats révèlent des chiffres préoccupants.

Chez les adultes insomniaques consommant régulièrement de la mélatonine, le risque de développer une insuffisance cardiaque augmente d’environ 90 %. Cette augmentation du risque concerne plus particulièrement les personnes ayant reçu au moins deux prescriptions espacées d’au moins 90 jours.

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« Les participants prenant de la mélatonine avaient près de 3,5 fois plus de risques d’être hospitalisés pour insuffisance cardiaque que ceux n’en prenant pas (19,0 % contre 6,6 %, respectivement) », précisent les auteurs de l’étude. La mortalité globale est également plus élevée chez les consommateurs réguliers. Sur une période de cinq ans, les consommateurs réguliers présentaient presque deux fois plus de risques de décéder, quelle qu’en soit la cause, que le groupe témoin.

Une remise en question nécessaire

Ces découvertes sont d’autant plus surprenantes que la mélatonine jouit d’une réputation d’innocuité bien établie. Le Dr Ekenedilichukwu Nnadi, auteur principal de l’étude et interne en chef en médecine interne à New York, souligne l’importance de ces observations.

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« Les suppléments de mélatonine sont largement considérés comme une option sûre et naturelle pour favoriser un meilleur sommeil. Il est donc frappant de constater des augmentations aussi constantes et significatives de problèmes de santé graves, même après avoir pris en compte de nombreux autres facteurs de risque », rapporte le Dr Nnadi.

Cette mise en garde pourrait modifier la façon dont les professionnels de santé conseillent leurs patients. « Les suppléments de mélatonine pourraient ne pas être aussi inoffensifs qu’on le pense généralement. Si nos résultats sont confirmés, cela pourrait influencer la manière dont les médecins conseillent leurs patients au sujet des somnifères », met en garde le chercheur.

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Des limites à prendre en compte

Malgré ces résultats interpellants, la prudence scientifique s’impose. L’étude présente en effet plusieurs limites qui méritent d’être soulignées. La base de données utilisée mélange en effet des pays aux réglementations différentes concernant la mélatonine. Certains pays, comme le Royaume-Uni, exigent une ordonnance, tandis que d’autres, comme les États-Unis, autorisent la vente libre.

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Les chercheurs ne disposaient pas non plus d’informations détaillées sur la gravité de l’insomnie des participants, ni sur la présence éventuelle de troubles psychiatriques associés. Ces facteurs pourraient influencer les résultats observés.

« Une aggravation de l’insomnie, de la dépression/anxiété ou le recours à d’autres médicaments favorisant le sommeil pourraient être liés à la fois à la prise de mélatonine et aux risques cardiaques », conclut le Dr Nnadi. Le scientifique insiste sur un point capital : « Notre étude ne permet pas d’établir un lien de cause à effet direct. Cela signifie que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l’innocuité de la mélatonine pour le cœur. »

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Que faire face à ces révélations ?

Face à ces données préliminaires, plusieurs recommandations émergent. Les personnes souffrant d’insomnie chronique envisageant une supplémentation prolongée en mélatonine devraient consulter un professionnel de santé. Un suivi médical régulier permettrait de surveiller d’éventuels effets indésirables.

La mélatonine synthétique peut toujours être utilisée pour augmenter la concentration de cette hormone dans l’organisme et faciliter l’endormissement. Toutefois, son utilisation à long terme mérite désormais une réflexion approfondie, notamment chez les personnes présentant des facteurs de risque cardiovasculaire.

Les troubles du sommeil constituent un enjeu majeur de santé publique. Trouver des solutions efficaces et sûres est une priorité. Cette étude, bien que préliminaire, ouvre la voie à des investigations plus poussées sur la sécurité cardiaque des compléments alimentaires à base de mélatonine.

D’autres études seront nécessaires pour confirmer ou infirmer ces observations, déterminer les mécanismes en jeu et identifier les populations les plus à risque. La communauté scientifique devra également clarifier les doses sûres et la durée maximale d’utilisation recommandée.

En attendant ces éclaircissements, la vigilance reste de mise. La consommation excessive de mélatonine ne doit plus être considérée comme anodine et toute personne envisageant une supplémentation prolongée devrait en discuter avec son médecin traitant.

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